Bilan Fais vriller ta pal et lecture commune

Bonjour …

Bon … Je ne vais pas vous dire que « ce n’est pas un échec, ça n’a simplement pas marché », c’est un échec monumental pour ce mois de février.. TOUTEFOIS, pour ma défense, j’ai été mise k.o à mi-parcours, ce qui m’a évidemment bien handicapé pour la suite. Sachez que j’ai lutté, autant que j’ai pu, mais mes adversaires étaient bien trop nombreux et bien trop forts. Je vous annonce donc que Proust et Ovide ont gagné cette bataille, mais certainement pas la guerre.

J’avais prévu de lire 12 livres, j’en ai lu 3 + 1/4, on est donc très loin du compte.

Tout d’abord, j’ai lu Le hors-sujet : Proust et la digression, de Pierre Bayard qui était un tout petit essai interminable, tout en digression sur l’art de la déduction ou plutôt de la contraction, vous suivez ?
L’auteur nous emporte dans une réflexion intéressante, bien que trop longue à mon goût, sur l’importance des digressions de Proust. Les phrases de Proust ont pour réputation d’être très longues, mais ce que Pierre Bayard souligne c’est que si ses phrases sont longues, ses livres, eux, sont synthétiques. En effet, Pierre Bayard montre, avec raison et habileté, que La Recherche est composées de « morceaux choisis », et non d’une vie entière. Proust se plaît volontiers à la digression, mais celle-ci a un sens – elle permet souvent au narrateur de revenir sur des thèmes importants, comme lors de sa longue digression sur l’homosexualité dans Sodome et Gomorrhe – c’est ce que Pierre Bayard appelle la « distorsion du foyer de narration », et c’est ce que Proust fait tout au long de sa Recherche : partir d’un souvenir pour arriver à un autre, ou pour aborder une thématique spécifique. Parallèlement à cela, les personnages de Proust n’ont effectivement pas de vie à proprement parler, seulement des bribes, examinées, disséquées et étirées. L’auteur choisi de nous montrer des moments importants, marquants, charnières, c’est ce que Pierre Bayard nomme la « synthèse proustienne » ; et je trouve personnellement très ironique de voir ces deux mots côte à côte, puisque dans l’imaginaire collectif, s’il y a bien une chose à laquelle Marcel Proust n’est pas associé, c’est bien la synthèse.

J’ai poursuivi mon challenge avec Cathleen Ni Houlihan de William Butler Yeats et Lady Gregory, une pièce de théâtre, minuscule et inoubliable. Dans le village de Killala, la famille Gilliane s’apprête à fêter le futur mariage de l’un des fils, Michael, avec sa fiancée, Delia. Mais ces festivités sont interrompues par la venue d’une vieille dame, qui semble errer, seule et fatiguée. La famille Gilliane l’invite donc à venir se reposer un instant chez eux et la vieille dame accepte avec plaisir. Elle commence alors à leur conter une histoire triste, mélancolique et envoutante à propos d’elle, Cathleen Ni Houlihan, de ce qu’elle a perdu, des hommes qui sont morts pour elle. Ses paroles, étranges et angoissantes commencent à inquiéter Bridget et Peter, les parents de la famille., qui finissent par lui demander de partir. Peu de temps après Patrick, le second fils, qui était parti au village, revient en courant pour annoncer qu’un navire Français est dans la baie ; on comprend alors que le bruit lointain que l’on entend depuis un petit moment en arrière-fond est celui de la rébellion montante. Michael, qui est envouté par les paroles de la vieille dame, veut les rejoindre, mais sa famille tente par tous les moyens de l’en empêcher. Sa fiancée lui dit qu’il ne peut pas partir à cause de leur proche mariage, mais Michael ne s’en souvient pas, il est déjà loin, il la regarde comme une étrangère, et lorsque Delia lui demande pourquoi, il prononce avec la voix de la vieille dame : « They shall be speaking for ever, The people shall hear them for ever« . Alors que Michael s’éloigne, Peter demande à Patrick s’il a vu une vieille dame sur le chemin du retour, Patrick répond que non, mais qu’il a croisé une jeune femme qui marchait comme une reine.
On ressent dans ce texte une différence lors de la lecture entre les dialogues très terre à terre de la famille opposés au lyrisme des paroles de la vieille dame, ce qui est assez déstabilisant jusqu’à ce qu’on apprenne que Lady Gregory a écrit les répliques des Gilliane, tandis que W.B. Yeats a écrit celles de Cathleen. En effet, les deux auteurs ont écrit cette pièce en 1902, en se basant sur l’histoire de la Rébellion irlandaise de 1798 contre la domination de la Grande-Bretagne. Cette pièce ayant été écrite au moment du symbolisme, Cathleen Ni Houlihan est une personnification, un symbole, d’une Irlande indépendante, dont elle est devenu au fil des ans, probablement en grande partie grâce à la beauté de la plume de Yeats, l’emblème.

Je ne m’attarderais pas énormément sur Jacques le Fataliste de Denis Diderot. La seule chose que je peux dire c’est que si vous voulez lire Diderot, ne lisez pas celui-là. Il m’a dégouté d’un auteur que je tenais jusqu’ici en assez haute estime. En effet, pour ma L1 de Lettres Modernes, j’avais dû lire le tome 4 des Oeuvres de Diderot, Esthétique et Théâtre, et j’avais véritablement beaucoup aimé cette lecture. C’était long et fastidieux, mais aussi très intéressant de lire les critiques d’art écrites par l’auteur pour une petite revue de l’époque (Correspondance littéraire, philosophique et critique), de découvrir l’art à travers ses yeux, de voir l’évolution de son style au fil des Salons. Dans ce livre-ci, je n’ai pas reconnu cette plume curieuse et mordante, ce ton enjoué et pointilleux, c’ était simplement plat. Les personnages se répétaient sans cesse, n’avaient aucune profondeur, et il y avait dans la forme du récit un je ne sais quoi du Candide de Voltaire au goût de réchauffé.

Au même moment, je finissais le tome 1 de La Recherche de Proust, du moins c’est ce que je croyais. Quelle ne fût pas ma surprise quand, pour faire ma petite fiche de lecture, j’ai cherché sur internet des résumés et que ceux-ci ne correspondaient pas du tout à ma lecture ? Il s’avéra en fait que j’avais lu la première partie du tome 2 et qu’il ne me restait donc pas 400 pages de Proust à lire, mais bien un peu plus de 800. C’est précisément ce coup qui m’a été fatal et m’a fait baisser les bras. Lire Proust est déjà assez compliqué en soit, entre l’appréhension et la réalité (qui est à la hauteur de l’apprehension), mais cet ascenseur émotionnel qui vous fait passer de « il me reste 400 pages à lire ! », à « il me reste 800 pages à lire ?! » était beaucoup trop violent pour moi, qui peinais déjà à garder la tête hors de l’eau.
En dehors de cet uppercut parfait, le texte en lui même a des atouts. Je ne vais pas dire que j’ai aimé ce que j’ai lu, ce serait mentir, mais je ne peux as dire non plus que j’ai détesté. C’est une lecture en demi-teinte pour le moment. Je perçoit le travail fournit par l’auteur pour retranscrire les émotions, les sentiments, et tout cet univers impalpable qui entoure les personnages, mais pour moi qui aime l’action et les rebondissement c’est bien trop lent et passif. Le narrateur de la Recherche (qui, sauf erreur de ma part n’a pas de nom) a, selon moi, un air du Meursault de Camus dans sa passivité face à la vie. Il ne fait pas, mais pense et questionne le fait de faire, il de demande pas mais pense et questionne le fait de demander, il ne vit pas mais pense et questionne le fait de vire ; rien n’est fait, tout est pensé.

Enfin, pour ce qui est de la lecture commune de la première intégrale de Robin Hobb organisée par Quentin … j’ai lu 5 pages sur plus de 1000 donc on peut parler d’un échec.
Quant à la Horde du Contrevent, que j’ai commencé en décembre et que j’espérais finir, et bien je n’y ai pas touché.

Je sais que mes études sont prioritaires, je sais que si j’arrive à tenir le coup encore quelques semaines je pourrais finir la Horde du Contrevent, dévorer la première intégrale de Robin Hobb, lire la plupart des livres que j’ai acheté ces derniers mois en sachant très bien que je ne pourrais pas les lire avant l’été, mais je trouve ça dur de ne pas avoir de temps pour la lecture plaisir. Personnellement, je n’arrive pas à concilier études et lectures, mais si vous avez des conseils je suis preneuse.

Pour finir sur une note positive, j’ai plein d’idées pour le blog, l’inspiration revient peu à peu avec le printemps naissant et les soucis que je laisse derrière. J’ai hâte de vous montrer tout ça, en tout cas j’espère pouvoir vous faire découvrir plein de choses, vous partager de petites anecdotes croustillantes récupérées à droite à gauche ; en bref j’espère réussir à faire vivre ce petit blog.

N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous avez pensé de cet article, pour me parler de ce que vous lisez en ce moment, pour discuter simplement.

J’espère que vous allez bien, prenez soin de vous et surtout n’oubliez pas :

May the kindness be with you

Lilou

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