
Résumé :
Quelque part, durant la guerre, durant l’hiver, deux hommes et une femme survivent tant bien que mal. Dans ce monde apocalyptique, leur seul moyen de se réchauffer étant le feu, et les seuls combustibles qu’il leur reste : les livres de la bibliothèque.
Peu à peu le froid, la faim et la mort les transforme jusqu’à ce qu’ils n’aient plus d’espoir, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus rien d’humain …
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Mon avis :
Je cherche mes mots pour ce livre depuis que je l’ai lu en février pour le challenge Fais vriller ta PAL d’Alex bouquine en Prada. J’adore Amélie Nothomb, j’aime sa plume, son univers, la manière dont elle dépeint notre monde, d’une plume à la fois acerbe et douce, capable de nous montrer des vérités que l’on ne soupçonne pas ou que l’on refuse de voir.
Je l’ai découverte au collège avec Stupeur et Tremblements que j’ai lu pour les cours (un des seuls livres intéressants de cette année-là d’ailleurs) et que presque tout le monde avait détesté. Pour ceux qui l’ont lu, les deux choses dont je me souviens le plus sont : le dégoût extrême de sa collègue pour la transpiration et la scène où elle lance des poubelles en l’air alors qu’elle est nue, étrange non ?
Depuis, j’ai lu environ la moitié de sa bibliographie (ma meilleure amie a presque tout lu, mais comment fait-elle ?) et le dernier en date, c’est celui-ci, Les Combustibles, qui est sans doute celui qui m’a le plus marqué. Il se passe en période de guerre et s’il n’y a aucune scène de guerre à proprement parler, ce livre est d’une violence extrême. L’ennemi des personnages n’a pas de visage, il n’a pas de nom, il n’est pas fait de chair et de sang, mais de vent et de glace : l’hiver. L’autrice nous parle de la guerre au-dehors, du siège, des bombes, mais ce qui prédomine, ce qui terrifie, c’est le froid. Ce froid insoutenable qui leur fait perdre pied, qui les attaque, il est le pire ennemi imaginable : sans compassion, sans émotion, ne leur laissant jamais aucun répit, ne fatiguant, ne faiblissant jamais. Devant mes yeux se dessinait peu à peu un paysage se trouvant quelque part entre les coups de pinceau emplis de cette folie circulaire de Van Gogh et la transcription parfaite de la noirceur et l’effroi de Munch, surtout lors des dernières pages, lorsque la perte de raison des personnages s’accélère, et finie par aller si vite que le monde tournoie, vacille, pour enfin s’effondrer, se consumer.
Ce qui m’a beaucoup choqué, c’est que je ne me suis pas rendue compte de l’horreur, de l’atrocité des événements, avant de refermer le livre. J’ai pourtant vu les hommes retourner peu à peu à un état presque animal, plonger un peu plus dans la folie au fil des pages, mais dans le contexte tout me paraissait logique. Jusqu’à la dernière ligne qui m’a réellement, profondément choquée. Jusqu’à ce que j’ai refermé le livre et que je me demande « qu’est-ce que je viens de lire ? ». J’ai littéralement remis toute ma vie en question après cette lecture. Suis-je une bonne personne ? Pourquoi des comportements si abjects ne m’ont-ils pas choqué outre mesure lors de ma lecture ? Peut-être que j’aime faire du mal aux gens ? Peut-être que je suis profondément mauvaise ? Mais je crois avoir trouvé un semblant de réponse à ces questions qui m’ont martelées le cerveau pendant plusieurs jours. Lorsque l’autrice nous raconte tel ou tel événement, qui d’ordinaire me ferait hurler de colère, les hommes n’en sont déjà plus tout à fait, ils vivent dans un monde où nos lois et nos mœurs n’existent plus, seule la survie importe. Le sursaut de lucidité que j’ai connu en lisant les derniers mots s’est simplement produit parce qu’à ce moment précis, ils ont arrêté d’être brisés, apeurés, à ce moment, seule la folie restait. Comme si la guerre, le froid et la neige avait tout terrassé, comme si leur âme avait brûlé, tel les livres, tel les combustibles …
Encore une fois, un article assez court, je m’en excuse, mais néanmoins bien plus long que ce que je pensais. C’est très difficile de parler d’un livre si horrible, ayant laissé un goût si amer, mais qui nous a quand même emporté, intrigué, bien que troublé.
J’espère qu’il vous aura plu, n’hésitez pas à me dire si vous avez déjà lu un ou plusieurs livres d’Amélie Nothomb, si vous avez aimé ou non, ou si vous aussi un livre vous a déjà fait cet effet-là.
May the kindness be with you
Lilou